La Consanguinité

LA CONSANGUINITE

Le meilleur comme le pire !

S’il y a un mot qui revient fréquemment dans les conversations quand on aborde le monde de l’élevage animal, c’est bien celui de consanguinité. Prônée par certains, totalement décriée par d’autres, notre propos d’aujourd’hui sera de tenter de démystifier le plus simplement possible ce que recouvre ce mot de consanguinité. Volontairement, nous bannirons de ce très court article destiné aux débutants peu familiarisés ou allergiques à la terminologie génétique, les termes techniques tels qu’allèles, hétérozygote, in breeding…j’en passe et des meilleurs.

TOUT D’ABORD, QU’EST-CE-QUE LA CONSANGUINITÉ ?

L’élevage en consanguinité est une méthode de reproduction dans laquelle on apparie des géniteurs de même famille, apparentés par un degré plus ou moins éloigné (père-fille, mère-fils, soeur-frère, tante-neveu….). Selon ce degré de parenté, on dira que la
consanguinité est plus ou moins serrée. Un pourcentage de consanguinité peut être attribué aux issus de tels mariages :

Base de calcul consanguinité
Père X fille (ou mère X fils)25%
Demi-frère X soeur12.5%
Neveu X tante (ou oncle X nièce)12.5%
Grand-père X petite-fille (ou grand’mère X petit-fils )12.5%
Cousins6.25%

POURQUOI PRATIQUER L’ÉLEVAGE EN CONSANGUINITÉ ?

L’intérêt en est de concentrer ou de voir apparaître dans les chatons obtenus les caractéristiques qui font la valeur de leurs parents. En effet, chaque être vivant est caractérisé par un ensemble d’éléments (son physique, sa santé, son comportement…) qui en font un être unique.

Aussi, quand on dispose d’un reproducteur mâle ou femelle d’une qualité exceptionnelle, il est normal d’espérer en obtenir des photocopies. Dans ce but, les chances sont bien meilleures avec des mariages en famille, soit avec des ascendants (parent, grand-parent, oncle, tante…) ou des descendants (enfant, petit-enfant, nièce…).

Ainsi, la consanguinité peut permettre d’espérer concentrer dans les individus qui résultent de tels accouplements les caractéristiques d’un ancêtre qui est déjà intervenu plusieurs fois dans la lignée et dont on a voulu fixer les caractéristiques.

D’une manière pratique, si vous disposez d’un étalon qui produit avec différentes femelles des chatons de qualité supérieure à leur mère, il ne faut pas hésiter à utiliser le pouvoir raceur (pouvoir d’amélioration en vue de s’approcher au mieux du standard de race) de cet étalon et à fixer ses caractéristiques en multipliant les croisements entre les meilleurs chats l’ayant comme ancêtre.

Si vous avez la possibilité d’avoir sous les yeux le pedigree de chats prestigieux, vous constaterez la plupart du temps qu’il s’agit d’animaux plus ou moins consanguins, et qu’entre chats de même famille (si le travail de sélection a été bien effectué), il y a des ressemblances marquantes qui définissent ce qu’on appelle une lignée.

C’est d’ailleurs par la pratique de concentration de caractéristiques bien déterminées et donc de consanguinité que les races de chats ont été créées (texture du poil (ex : selkirk), forme des oreilles (ex : american curl), proportions corporelles (ex : british, oriental), couleur (ex :colourpoint, burmese), forme du nez (ex :persan, exotique), tonicité (ex :ragdoll)).

LES LIMITES ET LES DANGERS DE LA CONSANGUINITÉ

Et oui, toute médaille a son revers ! Aucun chat n’est parfait. Comme tout être vivant, il a ses qualités, ses faiblesses, voir des défauts. Ces faiblesses et ces défauts peuvent simplement concerner l’apparence mais aussi la santé et la capacité de reproduction.

On a en effet constaté qu’une consanguinité trop marquée conduit à terme à produire des individus chétifs, instables, et/ou présentant des problèmes de santé (reins défectueux, monorchidie, problèmes articulaires, malformations cardiaques…). Dans un premier temps, ces effets néfastes peuvent nous renseigner sur les petits travers de nos matous (« tares » présentes à l’état latent : ne nous voilons pas la face, ils en ont tous !) et à mieux les gérer en évitant les croisements avec des chats de lignée ayant les mêmes problèmes et en ne faisant pas reproduire de tels chats. La consanguinité n’est pas le crime, elle découvre le crime !.

On sait d’expérience que telle lignée de chats « fabuleux » a parfois tendance à produire des individus pouvant avoir des soucis de santé, ou de comportement ou de capacité à la reproduction… A nous de gérer…

En conclusion, la consanguinité est une pratique indispensable à l’établissement d’une souche de chats de qualité mais comme toute arme, elle est à double tranchant. A nous donc de garder les yeux grands ouverts sur les qualités et les faiblesses de nos matous, et de constamment se remettre en question.

Jean-Albert Abat (élevage Del Adene)